Sermons Antugnac 4 mai 1890 – 12 juin 1891 English Transcript Dimanche, IV. après Pâques. -- Ste Monique. 1er jour du double service à Antugnac. Messe basse à 8 h. -- procession dominicale -- Prône. 1ère Instruction : Comme votre cher Curé, Monsieur l'abbé Vernioles, mon vénéré prédécesseur a dû vous le dire avant son départ, et comme moi-même, j'ai eu l'honneur de l'écrire, il y a quelques jours, à M. le Maire de votre commune, Monseigneur l'Evêque de Carcassonne par l'intermédiaire de M. Fournier, son vicaire général, me charge du service de cette Paroisse, à partir d'aujourd'hui 4 mai. Pour combien de temps ? Probablement, jusqu'à ce que vous ayez un Curé. Je ne saurai comment vous expliquer M. B. ch. F. la joie que j'ai goûtée, le plaisir que j'ai ressenti, éprouvé à l'annonce d'une telle nouvelle ! C'est pour moi, je vous l'avoue, un honneur et un bonheur en même temps de pouvoir vous être utile dans une semblable circonstance. Pourquoi cela ? Il ne me sera pas difficile de vous en donner la raison. Nous ne sommes pas des étrangers les uns vis à vis des autres; Antugnac n'est pas pour moi un village inconnu; c'est en quelque sorte un second pays natal. Depuis longtemps, dans les fréquentes visites que j'ai eu l'honneur de vous faire à l'occasion des solennités religieuses, je vous ai vus à l'oeuvre. J'ai appris à vous connaitre, à vous aimer et à vous apprécier, à tel point que je crois pouvoir dire aujourd'hui, sans crainte de me tromper qu'Antugnac est une paroisse modèle, exemplaire; une paroisse profondément chrétienne; en un mot, une de ces rares paroisses qui ont conservé intacte leur foi et leurs principes chrétiens ………Voilà pour vous. Et moi, suis-je à vos yeux un étranger ? Je ne le crois pas. Vous m'avez vu et connu tout jeune Abbé, alors que nous venions mon frère et moi assister à vos belles fêtes de l’Adoration perpétuelle, à vos magnifiques visites pastorales. Votre cher Curé nous regardait comme ses enfants et nous, nous voyons en lui un père. Il n'avait qu'à nous dire un mot, qu'à nous faire un signe, et c'était avec le plus grand empressement que nous répondions, il vous en souvient, à sa bienveillante invitation et que nous accourions à son appel tout paternel, pour l'aider, le seconder, soit dans les décorations de l'Église, soit dans les cérémonies auguste du temple saint. J'avais donc raison de dire que nous sommes les uns vis à vis des autres, non pas (les étrangers, des inconnus mais en quelque sorte des compatriotes, de vrais amis, presque des frères. Tout cela, comme je l'ai dit plus haut vous explique le bonheur que j'éprouve, que je ressens de pouvoir vous être utile; oui, M. B. A. F. j'en suis très heureux, et je vous assure, dès aujourd'hui, que si le bon Dieu me conserve mes forces et mg santé, je ferai tout ce qui dépendra de moi pour vous être agréable. Votre paroisse ne sera pas pour moi une annexe, mais une soeur de Rennes-le-Château; je la servirai avec le même zèle, la même charité, le même dévouement; car vous l'avouerais-je ? J'ai toujours eu un faible pour vous autres; j'ai toujours ressenti une vive sympathie pour votre paroisse; oui, j'ai toujours éprouvé Ia plus grande affection pour les braves gens d'Antugnac; et puisque nous sommes ici tous en famille et que j'ai commencé à me confesser, permettez-moi de terminer ma confession. Pour ceci, par exemple, disons le bien doucement et gardez-vous de le répéter aux gens de Rennes. Dieu vous en préserve : je nourrissais presque l'espoir d'être un jour votre Curé. Si le bon Dieu ne veut pas que mon désir se réalise, je pourrais du moins me flatter d'avoir été votre vicaire. Comptez donc, m. B. eh. F. sur tout mon dévouement et sur toute mon affection pour vous : vous serez pour moi une seconde paroisse que j'aimerai et que je servirai avec toute l'ardeur dont je serai capable; et, bien que comme vous le savez, je ne sois tenu vis à vis de vous autres qu'à une messe le dimanche, au prône, à l'instruction des enfants et aux soins des malades quand vous viendrez me prendre, le voisinage de Montazels me permet de faire davantage; plus que cela. Je tâcherai, en dehors du Dimanche et des fêtes d'obligation de venir dans la semaine pour le catéchisme de vos enfants, pour confesser les personnes qui le désireraient et pour la visite des malades, dont j'aurai, permettez-moi de vous le dire, un soin tout particulier. Je ferai à ce sujet tout ce qu'il me sera possible de faire, pour vous éviter la montée de Rennes. Enfin, lorsque au jour des grandes fêtes ou dans une solennité particulière vous désirez que je vienne vous faire tous les offices, ou chanter les Vêpres, vous n'avez qu'à m'exprimer ce désir et je m'empresserai d'arriver; mais ceci, vous le comprenez bien le plus rarement possible, car il ne faut pas oublier que je ne suis ni de fer, ni de bronze. Pour si robuste et si intrépide que l'on soit, on finit par s'user vite et tomber malade, si on veut trop faire. Je ne suis pas immortel; je suis sujet à la maladie et à la souffranc e et tout jeune que je suis et tout bien portant que je parais, je suis déjà pas mal chargé de rhu- matismes et d'infirmités. - De plus, n'ayant jamais fait de double service, j'ignore si j'aurai assez de courage et de forces pour ce surcroit de travail. Bien loin donc d'être exigeants, vous serez raisonnables dans vos demandes. Il vaut mieux donc, je crois commencer par peu et aller en augmentant, plutôt que de faire beaucoup au début et d'être obligé ensuite de nous arrêter à moitié chemin. Ne pas oublier le proverbe : Qui trop embrasse, mal étreint. Comme reconnaissance du zèle et du dévouement ainsi que du bien que je désire vous faire, je ne vous demande pour le moment qu'une seule chose : L'assistance à la messe les Dimanches et jours de fêtes d'obligation. Joie, bonheur, contentement du pasteur en voyant tout son troupeau réuni pour l'office divin. Votre soumission et votre obéissance à m'écouter et à suivre les conseils que je vous donnerai, sera la mesure de mon zèle et de mon dévouement pour vous autres. Lecture de l'Evangile. |