- René Descadeillas, Mythologie du trésor de Rennes. Histoire veritable de l’abbé Saunière, cure de Rennes-le-Château. (“Mémoires de la Société des arts et des sciences de Carcassonne”, années 1971-1972, 4e série, t. VII, 2e partie). Carcassonne, 1974. In-4°, 163 p., ill. h.-t.
Le nom de Rennes-le-Château, village perdu dans la montagne audoise, est depuis quelques années connu du monde entier. Il est l’objet, tout au long de l’année, d’un curieux pèlerinage. L’histoire a commencé en 1885, quand l’abbé Bérenger Saunière fut nommé desservant de la petite localité, où il devait mourir en 1917. Il signala immédiatement sa présence par la remise en état complète de l’église, et par d’importants travaux dans la commune. Il entra en conflit avec l’autorité épiscopale par son testament, il désigna comme héritière de ses biens sa servante, Marie Desnarnaud. A son tour, celle-ci, qui décéda en 1953, fit légataire universelle de ses biens un certain Noël Courbu.
Ce personnage, convaincu de l’existence d’un gigantesque trésor, monta une affaire commerciale pour attirer les touristes et les chercheurs à Rennes-le-Château. Le village commença à connaître une véritable affluence de chasseurs de trésors.
L’affaire était cocasse, mais cependant, ce n’était encore rien. A partir de 1962, commencèrent à fleurir les publications à grand tirage, détaillant l’histoire du trésor et faisant remonter son origine jusqu’aux temps mérovingiens. Depuis cette date, la légende a pris les formes les plus diverses, dont M. Descadeillas suit les amplifications successives. La réalité était plus simple. L’abbé Saunière était un escroc. Il avait monté un vaste trafic international de messes, qui lui avait permis de réunir une fortune considérable.
Nous sommes ici en présence de la création d’une mythe. Au départ, il n’y avait rien. L’abbé Saunière était un simple intrigant. Aujourd’hui, nous nous trouvons devant une véritable construction ésotérique. Rennes est promu au rang de capitale mystique d’une partie du Languedoc, et se trouve être au centre d’un vaste mouvement d’opinion. La façon dont on en est arrivé là prête à réfléchir et le mythe de Rennes-le-Château pourrait sans doute fournir quelque thèse sur le cheminement de l’affabulation.
R. Darricau,
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