L’Abbé Bérenger Saunière
Sermons
Antugnac
4 mai 1890 – 12 juin 1891

English Transcript


Dimanche 18 Mai dans l'octave de l'Ascension
St Venant martyr.
Samedi Vigile de la Pentecôte. - Jour de Jeune et d'abstinence sévère. - Messe à 8 h.

Je ne veux pas laisser passer le mois de Mai sans vous parler de cette Mère que nous avons au Ciel. Je croirai manquer à mon devoir de chrétien et de prêtre en m'abstenant de vous entretenir de la dévotion que nous devons à Marie, à la T. S. Vierge. - De plus, je vous l'avais promis le 4 Mai, lorsque pour la première fois j'eus l'honneur de prendre la parole au milieu de vous et je dois tenir ma promesse. D'une chose à l'autre nous avons renvoyé jusqu'ici ce sujet aussi intéressant qu'utile; ne l'ajournons donc pas indéfiniment dans la crainte de l'oublier complètement.

Parlons donc ce matin de la Ste Vierge et voici les pensées que je veux proposer à votre méditation :

Nous devons Aimer, prier, honorer, imiter notre Mère du Ciel.

Aimer. Pourquoi ? 1- Dieu nous l'a donnée pour Mère dans la personne de St Jean l'Apôtre bien aimé. 2- Elle a pour nous des entrailles, un coeur de mère. On peut lui appliquer les paroles que l'Evangile applique à N. S. J. C. « Quand bien même votre mère selon la chair vous abandonnerait, moi je ne vous oublierai jamais». 3- Nous sommes obligé par le 4e commandement de Dieu d'aimer notre mère 'de la terre, à plus juste titre devons nous aimer notre Mère du Ciel. -- Aimons donc la après Dieu de tout notre coeur, de toute notre âme, de toutes nos forces.

Prier. 1- Ou nous sommes justes ou pécheurs. Pour persévérer dans la vertu, pour rester bon chrétien, ami de Dieu nous devons prier la Ste Vierge. Si nous sommes pêcheurs. Pour recouvrer notre innocence, l'état de grâce perdu, pour rentrer dans l'amitié de Dieu, ayons recours à Marie. Refugium peccatorum, ora pro nobis. 2- Nous ne pouvons pas aller au Ciel sans la grâce, or d'après les Saints, Marie est le canal par où coule la grâce. Dieu nous envoie son secours, son aide, sa grâce par l'intermédiaire de la Ste Vierge, mater divinae gratiae, janua cceli, ora pro nobis. 3- Elle est notre consolatrice, donc, dans nos peines, dans nos afflictions, dans nos tentations surtout, prions Marie. Salus infirmorum, consolatrix afflictorum. Elle est notre advocate, auprès de Dieu, auprès de son fils, elle prie pour nous, elle intercède, elle plaide notre cause, donc ayons recours à elle. Elle est notre protectrice. De combien de dangers ne sommes nous pas entourés. Dangers du côté du corps; dangers surtout du côté de l'âme. Dangers de toutes part. Le monde... l'enfer... le démon, tout se coalise pour notre perte. Ayons recours à Marie; Elle a vaincu le monde, terrassé l'enfer, mis en fuite les démons. Disons lui donc souvent; Virgo potens, turris Davidica, turris eburnea, auxilium Christianorum, ora pro nobis. 4- Nous devons prier Marie toujours, mais plus particulièrement pendant son mois béni, mois qui lui est consacré. Pourquoi ? C'est l'Esprit et l'intention de l'Église… Popularité de ce mois... Indulgence de 300 jours à gagner chaque jour et une indulgence plénière une fois dans le mois. Prions donc Marie. St Bernard déclare qu'on ne l'invoque jamais en vain. (Souvenez-vous, etc)[Prière de St Bernard]

L’Honorer. 1- En faisant bien toutes ses prières, particulièrement, O Marie, Je vous salue... Angelus...Regina coeli... Souvenez-vous.... Le chapelet. 2- En évitant le péché et en pratiquant la vertu, les commandements de Dieu et de l'Église. 3- En élevant un petit reposoir
dans l'intérieur de nos maisons et en priant devant son image les uns pour les autres, pour les vivants et les morts. 4- En propageant le culte et la dévotion envers Marie en tout, partout et toujours.

L’Imiter. Sa piété, dans nos prières, dans l'Église, tenue, silence, etc. Se dire souvent dans nos prières comme dans toutes les actions de la journée si la Ste Vierge avait à agir à ma place, comment ferait-elle; sa modestie, sa pureté modestie dans notre démarche, modestie dans nos regards, modestie dans nos habillements et dans tout notre extérieur. Soyons purs dans nos pensées.- dans nos paroles - dans nos actions. Disons lui souvent : Mater purissima, Mater castissima, ora pro nobis. Sa charité pour le prochain... Son amour pour Dieu... Imitons la surtout dans notre vie de tous les jours, dans notre travail, dans nos occupations journalières. Marie s'est sanctifiée à Nazareth comme partout en faisant grandement les actions les plus petites et les plus communes.

Nous nous faisons une fausse idée de ce que fut la Ste Vierge sur la terre; nous la regardons comme une créature haut placée, au-dessus des misères de l'humanité, étrangère à nos travaux et à nos douleurs.

Marie a été ce que nous sommes : elle a travaillé comme nous. Elle a souffert comme nous, elle a pleuré comme nous, plus que nous.

Contemplons là, jeune mère obligée de se réfugier dans une pauvre étable pour donner naissance à son fils Jésus; s'exilant plus tard pour échapper à la colère d'Hérode - Elle mange son pain à la sueur de son front. Arrive ensuite la passion de J. C. - Seule après la mort de son fîls... O vos omnes qui transitis - Nulle femme n'a plus souffert qu'elle... Regina martyrum. Ora pro nobis.

Imitons donc Marie, non pas en faisant des choses extraordinaires, des miracles, des prodiges, des choses étonnantes; elle n'en a pas faites; mais en faisant bien les choses communes ordinaires et sanctifions-nous. Imitons la à Nazareth, dans l'exil, au Calvaire; imitons la dans su souffrances, dans ses peines; imitons sa piété, sa pureté, sa modestie, sa simplicité, sa charité, son amour pour Dieu et pour le prochain. En un mot soyons ses dévots serviteurs et ne l'oublions jamais...

Il n'est pas rare de trouver des hommes qui ont tout perdu de vue, qui ont tout oublié, tout renié, excepté une petite prière à Marie, prière qu'ils ont reçu de leur mère.. On se rappelle la parole de cet homme qui disait : «J'ai fait bien du mal dans ma vie; j'ai tout attaqué, j'ai attaqué Dieu lui-même : Mais j'ai toujours respecté la bonne Vierge.

Si par malheur, M. F. ce qu'à Dieu ne plaise, vous veniez à oublier que vous êtes Chrétien, enfant de Dieu et de l'Église; si par malheur vous veniez à perdre de vue avec les bons principes de votre enfance des résolutions de votre 1ère Communion si par malheur, dis-je, entraîné par vos passions, au milieu des orages de la vie, vous veniez à perdre de vue la pratique de notre Ste religion, les commandements de Dieu et de l'Église, si vous veniez à renier, et votre foi, et votre baptême et votre bonne Mère l'Église. Ah ! Je vous en conjure, respectez la bonne Vierge, aimez la, priez la, respectez là, honorez là et Marie qu'on n'invoque pas en vain, ne permettra pas votre perte et votre damnation. - Ainsi soit-il.





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